mercredi 15 mars 2017
Durée du travail et chômage
Modifier la durée du travail, que ce soit à la baisse ou à la hausse, permet de lutter contre le chômage en France, mais dans un sens comme dans l'autre cela n'aura d'effet durable qu'en s'accompagnant d'une maîtrise des coûts salariaux, selon une note de France Statégie publiée mardi. L'option d'une nouvelle baisse de la durée du travail en deçà de 35 heures par semaine, comme le propose le candidat du PS Benoît Hamon, "peut conduire à des créations d'emploi et à une baisse du chômage à court terme", relève l'organisme de réflexion dans ce document visant à éclairer les différents candidats à la présidentielle. Mais, prévient-il, "pour qu'elle porte des fruits durables", cette baisse ne devra "occasionner aucune hausse des coûts salariaux unitaires", à savoir le rapport entre coût du travail (salaires bruts et cotisations) et productivité. Une "simple stabilisation" de ces coûts serait suffisante à moyen terme mais leur "abaissement serait encore un meilleur gage de réussite", estime l'organisme rattaché à Matignon. Pour être pleinement efficace, une politique de baisse du temps de travail "doit donc s'accompagner d'une forme de modération salariale et être utilisée comme un levier pour modifier l'organisation des méthodes de travail au sein des entreprises afin de générer des gains de productivité", selon France Stratégie. Sans cela, "elle pourrait au contraire conduire, à terme, à une augmentation du chômage", dit l'organisme. Mais, ajoute-t-il, contenir les coûts en bas de l'échelle salariale supposerait soit de baisser le Smic, soit de baisser les prélèvements sur les entreprises (cotisations d'assurance chômage ou retraite complémentaire)... ce qui représente "un coût pour les finances publiques". Augmenter la durée du travail permettrait à l'inverse de contenir voire de réduire ces coûts salariaux. Mais cela "risque d'entraîner à court terme une hausse du chômage" car les entreprises ajusteraient leurs effectifs à la baisse, met en garde France Stratégie. En revanche à moyen terme, "le gain de compétitivité généré par la hausse de la durée du travail, qui s'accompagnerait d'une baisse des coûts salariaux unitaires, peut contribuer à stimuler la production, les marges, l'investissement et in fine l'emploi". Mais "l'on peut s'interroger sur l'effet qu'aurait une hausse de la durée du travail sans contrepartie salariale à due proportion sur la motivation des salariés et donc sur leur productivité". Outre le temps de travail, France Stratégie suggère d'autres pistes pour améliorer le fonctionnement du marché du travail: accroître le taux d'activité en favorisant le temps partiel, les cumuls emploi-formation et emplois-retraites, et aménager les temps de travail tout au long de la vie pour "améliorer la qualité des emplois".