mardi 23 décembre 2014

Un bisous pour les vacances


Urbanisme et transport - le modèle Londonien

Je suis allé à Londres récemment pour un séminaire sur le développement des transports et de l'urbanisation dans la ville. Voici en quelques mots ce qu'il faut retenir, car c'est un exemple à mon sens pour Paris. En tant que responsable de la planification, le maire de Londres est tenu de préciser ses stratégies de développement pour les trente ans à venir dans un document dénommé London Plan. Le London Plan a été publié en février 2004, une fois approuvé par le Secrétariat d’Etat suite à une consultation publique. · Défi et objectifs Le principal défi est d’arriver à ce que la population et le nombre d’emplois continuent à croître de façon durable, et que la croissance économique profite de façon équitable à l’ensemble des Londoniens. Cela se décline en six objectifs fondamentaux : - contenir la croissance urbaine dans les limites de Greater London, sans empiéter sur la ceinture verte et sur les espaces ouverts, - faire de Londres une ville plus agréable pour les habitants, - faire de Londres une ville plus prospère, avec une croissance économique forte et diversifiée, - promouvoir l’intégration sociale et s’attaquer à la discrimination, - améliorer l’accessibilité londonienne, notamment par les transports en commun, - faire de Londres une ville plus attractive, verte et bien mise en valeur. · Stratégie globale de développement Il s’agit de créer une ville plus compacte dans laquelle le rôle de chaque secteur est complémentaire de celui des autres. Cela repose sur un partenariat étroit entre le Maire, les conseils des boroughs et les aménageurs. Ce partenariat est nécessaire à la conduite d’actions visant à : - faire en sorte que le développement des zones d’implantation de nouveaux emplois bénéficie aux populations défavorisées des zones de régénération voisines (en particulier à l’est, dans le Thames Gateway), - développer les centres des différentes villes de Greater London, ceux-ci étant généralement bien desservis par les transports en commun, - maintenir et accroître l’emploi dans les zones suburbaines, - promouvoir les zones à forte concentration d’activités industrielles, - mener une politique de transport coordonnée avec celle de l’aménagement. · Stratégies sub-régionales L’approche globale est déclinée et précisée au niveau de cinq sub-régions regroupant plusieurs boroughs de Greater London : Central London, North London, West London, South London et East London. Central London La sub-région de Central London correspond à la moitié ouest d’Inner London (City of London exclue). La stratégie consiste à favoriser la croissance de la population et de l’emploi, préserver les fonctions financières internationales de la zone centrale et assurer un environnement de qualité. Plusieurs secteurs, bien desservis par les transports en commun, présentent des opportunités de développement, notamment au sud de la Tamise. Central London pourrait accueillir 107 000 nouveaux logements et 239 000 nouveaux emplois d’ici 2016. Pour en savoir plus, allez sur le site de l'organisateur: http://www.seminaireslondres.com

Vers la déflation en France

Désormais, la plupart des économistes en sont sûrs : avec le plongeon du cours du pétrole, les prix vont baisser dans la zone euro au cours des prochains mois. Cela signifie-t-il que la zone euro va sombrer dans la déflation ? Patrick Artus, chef économiste de Natixis, a une opinion tranchée : «?La France n’est pas en déflation et ne va pas y tomber. L’an prochain, la croissance atteindra environ 1 % alors que les taux d’intérêt à dix ans payés par l’Etat français resteront bas. Les taux réels [c’est-à-dire en enlevant l’inflation NDLR] seront proches de 0,6 %. Donc un emprunteur pourra rembourser sa dette.?» A l’Insee aussi, on considère que le scénario le plus probable sera une inflation très basse, sans toutefois qu’une spirale déflationniste se mette en place, en tout cas dans l’Hexagone. «?En France, l’inflation sera à zéro en juin 2015 (en rythme annuel)?», estime Laurent Clavel, l’un de ses économistes. Ce qui rendra inatteignable la prévision de Bercy d’une inflation à 0,9 % sur l’année. Certes, «?le niveau extrêmement bas des prix interpelle, reconnaît Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture à l’Insee. Mais les anticipations des marchés et des ménages ne décrochent pas. Et en France, la rigidité des salaires rendra difficile la transmission de la désinflation aux salaires. Le SMIC va augmenter de 0,8 % au 1er janvier ?», rappelle-t-il. Les économistes de l’Insee estiment à 30 % les chances que les prix hors énergie baissent au cours du premier semestre 2015. Mais «?ce n’est pas parce que les prix baissent que le pays est en déflation. La baisse des prix doit être généralisée, durable et s’auto-entretenir?», insistent-ils. En effet, c’est quand les ménages et les entreprises revoient à la baisse leurs anticipations d’évolution des prix que la spirale déflationniste se met en place. Anticipant des baisses de prix, les ménages diffèrent leurs achats et les entreprises, leurs investissements. Ce qui pèse sur la demande, entraînant chômage et baisses de salaire, réduisant encore plus la demande. D’autres économistes sont moins confiants. «?On peut vivre deux mois avec une inflation négative mais si les prix baissent pendant six mois, alors le problème devient plus aigu car les agents économiques vont adapter leurs anticipations?», explique William de Vijlder, chef économiste de BNP Paribas. Irving Fisher, théoricien américain de ce phénomène qu’il a étudié, définissait en 1933 la déflation comme «?un grand paradoxe qui est le secret de la plupart des grandes dépressions : plus le débiteur rembourse, plus il est endetté?». Selon cette définition, «?la France est loin de la situation décrite par Fisher, considère Yves Zlotowski, chef économiste de Coface. Le stock de dette privée est bien moins élevé dans l’Hexagone qu’en Espagne.?»

Collaboration fiscale pour le Luxembourg

Le Luxembourg a renoncé à son bras de fer avec la Commission européenne, à qui il refusait depuis des mois des informations sur certaines de ses pratiques fiscales dont les rescrits fiscaux au coeur du scandale LuxLeaks, a annoncé jeudi son Premier ministre, Xavier Bettel, en marge d'un sommet européen à Bruxelles. Le Luxembourg fournira à la Commission la liste des rescrits fiscaux, ou "rulings" luxembourgeois, ainsi que celle des bénéficiaires du régime d'imposition des revenus de la propriété intellectuelle, comme cela lui a été demandé, a annoncé M. Bettel. Cette décision a été prise à la suite de l'annonce mercredi par la Commission européenne de son intention de demander des informations à l'ensemble des pays de l'UE sur leurs pratiques en matière de rescrits fiscaux, a-t-il expliqué. "Nous avons insisté sur le fait qu'il fallait des règles communes, et nous sommes très satisfaits qu'elles soient en place", a dit M. Bettel à la presse. La pratique du rescrit fiscal a été propulsée sous les feux de l'actualité par le scandale LuxLeaks, qui a dévoilé un système massif d'optimisation fiscale au Luxembourg. Elle permet à une entreprise de demander à l'avance comment sa situation fiscale sera traitée dans un pays, et est utilisée par les multinationales pour faire de l'optimisation. Selon des milliers de pages de documents obtenues par le Consortium international des journalistes d'investigation, le Grand-Duché a passé des accords fiscaux avec plus de 300 multinationales, dont Apple, Amazon, Ikea, Pepsi, Heinz, Verizon, AIG, ou encore Skype, Microsoft et Disney, afin de minimiser leurs impôts, privant les Etats européens de milliards d'euros de recettes fiscales. Bien avant ces révélations, la Commission avait adressé fin mars des injonctions au Grand-Duché pour lui demander des précisions concernant ses pratiques fiscales. Le pays ne s'y était pas plié et avait déposé un recours en annulation contre ces injonctions devant la justice européenne, expliquant avoir des "doutes sérieux quant à la légalité de ces demandes" car elles "soulèvent des questions de principe relatives à l'étendue des pouvoirs de la Commission". Le Luxembourg se désistera de ces deux recours en annulation. La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, s'est dite jeudi "très satisfaite" de cette annonce, soulignant que le pays reconnaissait "les pouvoirs qu'a la Commission d'enquêter sur ses pratiques en matière de rescrit fiscal". L'exécutif européen va de son côté abandonner son action contre le Grand Duché pour infraction aux règles européennes.