lundi 27 avril 2015
Kiev a besoin d'argent
L'Ukraine cherche un second souffle. Kiev espère obtenir un allègement de dette de 15 milliards de dollars et a entamé des négociations avec ses créanciers qui pourraient englober les 3 milliards de dollars prêtés par Moscou en 2010 à l'ancien gouvernement ukrainien.
Cet allègement doit abonder un plan d'aide de 40 milliards de dollars sur quatre ans en faveur du pays, auquel le FMI doit contribuer à hauteur de 17,5 milliards de dollars. Mais une règle interne su Fonds pourrait toutefois menacer la poursuite de ce programme. Elle prévoit en effet que l'institution ne peut plus prêter à un pays s'il fait défaut sur une créance détenue par le secteur dit "officiel", c'est-à-dire un État ou une institution publique.
"Nous avons une règle de tolérance zéro", a rappelé le porte-parole du FMI, William Murray, lors d'une conférence de presse, jeudi 26 mars. Or, a-t-il ajouté, la créance détenue par les Russes doit bien être considérée comme de la dette détenue par un État.
"Si je ne me trompe pas, les 3 milliards de dollars (...) viennent d'un fonds souverain russe, c'est donc de la dette officielle", a ajouté William Murray.
Si la Russie, à couteaux tirés avec l'Ukraine, refusait de renégocier sa dette d'ici à la fin de l'année, Kiev pourrait donc être contraint de faire défaut sur cette créance, plaçant le FMI dans une situation délicate. Interrogé sur cette éventualité, le porte-parole s'est refusé à toute spéculation.
Signe de la sensibilité du sujet, William Murray a voulu rectifier le tir quelques heures plus tard et apporter une "clarification" sur le statut de la créance russe. Dans un communiqué publié dans la soirée à Washington, le porte-parole a fait machine arrière et assuré que le FMI n'avait en réalité pas officiellement déterminé sa position sur le sujet.
Quelle que soit l'issue de ce débat, des solutions existent pour éviter une impasse au FMI. Cette dette pourrait être renégociée au sein du Club de Paris, qui traite des créances entre États, ou pourrait être revendue sur le marché secondaire de la dette et ainsi ne plus être détenue par Moscou.
Interrogée sur cette créance russe, la ministre ukrainienne des Finances Natalie Jaresko avait d'ailleurs assuré ne pas savoir "dans beaucoup de cas" qui détient la dette de son pays.