J'ai eu la chance de participer à un colloque en Italie sur l'influence de la TV dans le sauvetage de l'économie italienne. Dans aucun autre secteur, les tentatives pour contrôler le contenu de la télévision ne furent aussi
explicites que dans la publicité. Devant choisir entre l’inondation publicitaire du modèle américain
et l’interdiction totale décrétée par la BBC, la Rai crée une forme de réclame originale. Elle
regroupe tous les messages publicitaires dans une émission d’un quart d’heure appelée Carosello
présentée au moment des plus fortes cotes d’écoute, juste après la télé journal du soir. Dans chaque
bande-annonce d’une durée de 110 minutes, le produit annoncé ne peut être nommé qu’au début
ainsi que cinq secondes avant la fin, le reste du temps étant réservé à de petites histoires, à des
dessins animés ou à des fables. Carosello a ainsi une très forte popularité auprès des enfants. Il est
alors commun pour les parents d’aller coucher les enfants «après Carosello». En 1960, trois ans
après sa mise en ondes, Carosello constitue le programme télévisé le plus regardé.
Ainsi, la télévision transforme radicalement les habitudes de vie. Alors qu’anciennement le soir les
familles se retrouvaient autour du foyer, dorénavant on se retrouve autour de la télévision. Même
qu’au début, la télévision devient une forme de divertissement publique, puisqu’avoir un appareil
privé est un privilège réservé aux riches. Pour plusieurs, principalement dans les campagnes, la
télévision des bars devint un moment de réunion. Encore aujourd’hui, la télévision demeure
étonnamment très présente dans les restaurants. Cependant, au fur et à mesure que les appareils
privés se sont diffusés dans les foyers, l’habitude de regarder la télé au bar ou chez le voisin à
disparue.
D’autres phénomènes ont accompagné «la grande transformation» de l’économie italienne. Entre
autres, on a assisté à une individualisation des loisirs et à un repli des individus sur la cellule
familiale. Ceci a entre autres été le cas des nombreux émigrants du Sud qui arrivés au Nord ont
alors perdu leurs réseaux sociaux et familiaux traditionnels et se sont vus contraint à modifier leurs
rapports publics. Enfin, si les Italiens demeurent parmi les peuples les plus religieux d’Europe, la
religion catholique a accusé un très fort recul, principalement quant à la fréquentation des églises.
Aujourd’hui, l’économie italienne demeure parmi les plus fortes économies du monde. Il s’agit
d’une économie industrielle avancée comparable à celles de la France ou du Royaume-Uni. Elle
demeure néanmoins divisée entre un Nord industriel où dominent les entreprises privées et un Sud
agricole où prévaut un taux de chômage de 20 %. L’Italie doit importer la majorité des matières
premières nécessaires à ses industries ainsi que près de 75 % de l’énergie requise. Depuis 1992,
elle a adopté des budgets et des agendas financiers répondant aux exigences de l’Union Monétaire
européenne. Cependant, ses performances économiques des dernières années ont été en deçà de
celles de ses partenaires européens. L’Italie se doit donc de tenter de stimuler la création de
nouveaux emplois, d’encourager la flexibilité du travail, de réformer son système de pensions de
vieillesse, et enfin tenter de diminuer la part de l’économie informelle. (source: séminaire italie)
mardi 27 octobre 2015
Transformer le journalisme
Le secteur de l’information va mal ? C’est de la faute aux médias, entend-on dire le plus souvent. Les journalistes en poste seraient pour l’essentiel des conservateurs, des rentiers de l’information et les patrons de presse des demeurés qui, comme le reste des élites de ce pays « ne comprennent rien au numérique ».
La crise de la presse étant constatée (encore faudrait-il se mettre d’accord sur ce dont on parle, mais bon...), ce sont les solutions qui importent désormais. Jacques Rosselin a créé Courrier International, puis Vendredi (tentative de faire passer les contenus des blogs sur papier) ; il nous a fait parvenir ce texte dans lequel il imagine une solution radicale : mettre fin au modèle économique actuel de la presse, et faire de tous les journalistes des intermittents. Vu la crise du régime des intermittents, c’est osé. Mais au moins, ça fait réfléchir. Xavier de La Porte
Quand bien même ces sévères critiques seraient, au moins partiellement, fondées, leur fatalisme décourage la réflexion. Nous voilà condamnés à assister tristounets à une lente agonie de l’information de qualité en attendant son hypothétique renaissance. La presse, après ces quelque 150 années d’existence – une parenthèse dans la longue histoire du monde – n’échappera pas à la loi de la « destruction créatrice », la formule apprise jadis à la fac d’éco, plus ou moins assimilée, et qui connaît un regain de popularité, notamment sous l’effet des « disrupteurs », des « barbares » de l’économie numérique qui nous la régurgitent aujourd’hui après une rumination express.
« Bâcher » les médias traditionnels, comme on dit aujourd’hui, est non seulement décourageant pour la suite, mais injuste. Rappelons d’abord que, depuis 20 ans, ces entreprises ont mis en œuvre, parfois à marche forcée, des changements importants dans leur offre et leur organisation, et qu’elles restent tous des marques fortes et en tête des audiences numériques des sites d’information. Rappelons aussi que ces nouvelles audiences ont renouvelé et dopé leur lectorat papier, qui était en baisse régulière depuis les années 70, donc bien avant la naissance du Web.
Hélas, ces efforts et ces beaux résultats n’arrangent rien : même si ces médias traditionnels ont vaillamment engagé leur mutation numérique, leur situation économique s’est dégradée. Un chiffre qui résume la situation de la presse : pour 10 euros perdus dans les revenus du papier, un journal compense par un revenu sur le numérique de 1 à 1,5 euros. Et malgré les discours incantatoires de ceux qui nous prédisent le retour de l’information payante (« Regardez donc Mediapart ! Regardez Blendle ! »), la quasi-totalité des lecteurs se refusent toujours obstinément à payer (de 1 à 3% de l’audience le font – Hervé Lavergne dans « Crise des médias ou Médias de crise » dans la revue Ina Global)...
Le sinistre cliquetis de cette machine à perdre rend fous les plus raisonnables des chefs d’entreprise de presse qui partent, hagards, à la recherche de nouveaux revenus, une quête qui peut les égarer sur les chemins hasardeux de la compromission (demandons à nos annonceurs d’écrire nos contenus et baptisons cela « native advertising ») ou de la crise de nerfs (transformons notre média en bistrot, les mojitos financeront notre service culture).
Les premiers de la classe, eux, ne se démontent et continuent studieusement d’innover, d’investir sans aucune autre perspective de retour que celui d’encouragements de l’Etat (1 à 1,5 milliard d’euros par an d’après la Cour des comptes), aidé modestement par Google (20 à 30 millions d’euros par an), un bon géant plein de commisération et de reconnaissance pour ceux qui, après tout, continuent gentiment de produire et d’équiper leurs rédactions pour nourrir son insatiable estomac de contenus de qualité.
Les pertes se creusent, les équations (ose-t-on encore parler de modèles ?) se compliquent et c’est tout naturellement que la plupart des entreprises d’information sont presque toutes rachetées par de riches mécènes qui, soyons-en persuadés, n’ont pas tant le souci du compte d’exploitation que celui de la santé de notre démocratie. Côté audiovisuel, l’affaire est entendue dans la mesure où le secteur public domine très largement l’offre d’information de qualité avec un budget de 3 à 4 milliards d’euros par an pour France Télévisions et Radio France réunis et 3 000 journalistes cumulés, soit la plus grande rédaction de France. Ajoutons à cela l’AFP, également financée par l’Etat, et dont la plupart des sites d’information, traditionnels ou numériques, se nourrissent à haute dose.
L’argent public – et dans une bien moindre mesure celui des mécènes – combinés à la volonté de changement des entreprises d’information, ne semblent pas suffire. Comme si tout le monde mettait de l’essence, appuyait sur l’accélérateur mais que quelque chose soit fatalement endommagé sous le capot de la guimbarde. Alors on a recommencé à parler de la guimbarde elle-même, de « l’écosystème » pour employer un terme à la mode.
Tout le monde s’accorde à dire avec le recul que les Etats généraux de la presse organisés par Sarkozy en 2008 ont accouché d’une souris. Bricoler à la marge le vieux moteur ne sert plus à grand-chose... Plus récemment, Julia Cagé (un livre), Jean-Marie Charon (un rapport), Pierre Rimbert (un article) et le collectif Médias Libres (un forum) ont, chacun de leur côté, attaqué dans le dur. La piste est la bonne, creusons-la : c’est l’écosystème, celui qui a 70 ans cette année, qu’il faut transformer. Sans changement radical de l’environnement économique de l’information et de ses règles, les médias, les journalistes et les pouvoirs publics auront beau se décarcasser, rien n’avancera. Oui, un changement radical. La mécanique est trop usée pour se contenter d’un rafistolage.
Mais alors quel changement ? Laissons de côté la solution de la voiture sans conducteur, Google lui trouvera certainement un avenir sur les autoroutes de l’information ou celles de Californie. Pour lancer le débat et donner la mesure du degré de radicalité que l’on pourrait estimer nécessaire, je propose d’aller au-delà des bonnes idées que sont le changement de statut des entreprises de presse (Cagé), l’impulsion donnée à l’innovation et à la création d’entreprises et d’incubateurs de l’information (Charon), la mutualisation des moyens de production (Rimbert) ou le soutien à un tiers-secteur associatif de l’information. Ce sont de bonnes pistes mais elles passent à côté de l’éléphant dans la pièce, à savoir l’équation économique et des solutions durables. Arrêtons tout, faisons un pas de côté et réfléchissons, comme disait le regretté Gébé dans « L’An 01 ».
Mon premier réflexe à la lecture du rapport de la cour des comptes de 2013 avait été de benoîtement prendre la somme dépensée chaque année par l’Etat en aides à la presse et de la diviser par le nombre de cartes de presse en France. Cessons de financer les médias, finançons directement les producteurs de l’information, à savoir les journalistes, osais-je alors.
Ce « revenu de base » pour les journalistes permettait de les affranchir de la dépendance économique, donc de les laisser librement faire leur travail et de le diffuser au mieux, soit directement, soit via un média d’information, réduit dans ce scénario au rôle d’éditeur et d’animateur d’une communauté d’intérêts ou d’engagements (après tout qu’est qu’un média sinon une entreprise d’information qui fédère une communauté ?). Il ne s’agit donc pas de faire disparaître les médias, mais de les laisser se concentrer sur leur rôle et les journalistes sur le leur.
Aux USA, on parle espagnol
Le Mexique est toujours le premier pays hispanophone au monde mais les États-Unis ne devraient pas tarder à lui prendre sa place.
52.988.755 personnes parlent espagnol aux États-Unis. C’est la langue maternelle de 41,3 millions d’entre eux. Quant aux 11,6 millions restants, ce sont des résidents américains bilingues, principalement des enfants d'immigrants. Le dernier rapport de l'Institut Cervantes est formel: les États-Unis comptent désormais plus de locuteurs hispanophones que l'Espagne, où ils sont 47 millions.
Et ces chiffres devraient encore augmenter. En 2050, les États-Unis seront le premier pays hispanophone au monde, avec 138 millions de locuteurs, devant le Mexique, en haut du podium aujourd'hui avec 121 millions d’hispanophones. Rien de surprenant à cela. La communauté hispanique y est traditionnement importante. La plupart des hispaniques sont d'origine mexicaine, pays frontalier, ou viennent de divers pays d'Amérique latine ou du Sud.
Attention néanmoins: les Espagnols pourraient se faire rafler la place par la communauté asiatique, en pleine expansion elle aussi aux États-Unis. L'espagnol reste d'ailleurs aujourd'hui la deuxième langue maternelle au monde après le chinois mandarin.
Inscription à :
Articles (Atom)