jeudi 11 février 2016
La guerre sans nom
Il n’est pas possible d’avoir des dirigeants qui refusent de mener la guerre qui leur est livrée tout en accueillant à bras ouverts les victimes de ce conflit, qui est le nôtre.
La France et l’Europe tout entière sont en guerre. Nous sommes en guerre contre l’islamo-fascisme, comme l’a déclaré il y a quelques mois le premier ministre. Nous sommes en guerre contre les barbares de Dae’ch dont le but avoué n’est pas seulement de créer un état islamique, mais de venir bousculer l’Occident judéo-chrétien. Nous sommes en guerre contre un islam radical qui est déjà installé sur notre territoire et qui a organisé une cinquième colonne en liaison permanente avec ceux qui mettent à feu et à sang la Syrie. Nous sommes en guerre et, pour la première fois dans la longue histoire de notre vieux pays, nos dirigeants ne veulent pas faire la guerre, alors que 56 % des Français la jugent inéluctable. Tout juste sont-ils prêts à envoyer 17 Rafale effectuer des vols de reconnaissance ! On imagine que cette annonce n’a pas dû trop émouvoir les chefs de Dae’ch qui continuent à assassiner, à violer, à torturer et à détruire les merveilles archéologiques qu’ils trouvent sur leur chemin.
Il faut être François Hollande et ne rien comprendre à l’évolution du monde dans lequel nous vivons pour refuser de voir cette guerre. Car tel Lagardère, si nous refusons d’aller à ce conflit, ce conflit vient à nous et s’incruste dans notre vie quotidienne sous la forme des dizaines de milliers de migrants qui fuient leurs pays et cherchent refuge en Europe, comme beaucoup de juifs allemands, polonais, autrichiens ou hongrois ont trouvé asile en France à la fin des années 1930. Bien sûr, parmi ces populations qui traversent la Méditerranée, il n’y a pas que des hommes et des femmes qui fuient la guerre. Il y en a beaucoup qui profitent de ces filières de passeurs pour rejoindre un continent qui distribue à lui seul 50 % des aides sociales versées sur la planète alors qu’il ne concentre que 7 % de la population mondiale. Le pape, lui-même, ne s’y est pas trompé en demandant à nos paroisses d’accueillir les réfugiés de guerre, passant sous silence les migrants économiques. Et quelle autre attitude est possible ? Lorsque vous êtes marin et que quelqu’un chavire à quelques milles de votre embarcation, la loi de la mer oblige n’importe quel bateau à tout mettre en oeuvre pour sauver cet individu en danger de mort.
Mais l’angélisme ne peut en aucun cas servir de politique. Il n’est pas possible d’avoir à la fois des dirigeants qui refusent de mener la guerre qui leur est livrée et, en plus, d’en subir les conséquences en accueillant à bras ouverts tous ceux qui débarquent en France. Il est tout de même grave que face à ce sujet si complexe des migrants personne, ni à gauche ni à droite, ne se pose trois questions fondamentales. D’abord, dans quelle mesure ces migrants, qui débarquent sur nos côtes dans des embarcations fournies par des filières mafieuses, ne sont-ils pas une sorte de providence pour Dae’ch ? Qu’ils soient poussés de Syrie ou d’Irak par la force vers l’Europe et non vers la Jordanie, la Turquie ou le Liban est un acte de déstabilisation de l’Occident. Pourquoi ce mouvement ne serait-il pas orchestré par les combattants de l’État islamique pour affaiblir notre civilisation dont ils veulent la mort ? Comme le rappelle le dernier numéro de The Economist, nos démocraties ne savent pas plus gérer cette misère qui débarque sur nos trottoirs que les otages odieusement médiatisés ou, il y a quelques années, les boucliers humains mis en place par Saddam Hussein.
Le deuxième sujet, qui interpelle, à juste titre, beaucoup de nos lecteurs qui ont combattu le nazisme dans des conditions bien plus terribles, concerne tous ces jeunes hommes en âge de se battre contre Dae’ch et qui préfèrent fuir leur terre sans avoir livré le moindre combat. Quiconque est attaché à son pays commence par prendre les armes, quelle que soit la nature de l’ennemi. Quand on songe à tout ce que nos jeunes résistants ont livré comme combats entre 1940 et 1944 sans moyens, et sans appuis, on ne peut que s’étonner devant ces migrants qui sont plus attirés par nos aides sociales que par le sens de leur patrie. Enfin s’est-on demandé combien de djihadistes en puissance infiltraient ces dizaines de milliers de migrants ? L’un d’entre eux a été arrêté la semaine dernière lors d’une tentative de passage en Grande-Bretagne. Mais combien d’autres débarquent en Europe pour y importer cette guerre que nous ne voulons pas livrer ? Voilà pourquoi, plutôt que de faire un concours de générosité, il serait temps, comme les Russes, de prendre enfin le taureau par les cornes et de reconnaître que seule l’extermination de Dae’ch permettra à l’Europe de ne pas être déstabilisée politiquement, socialement et économiquement par tous ces migrants dont l’avenir est sur leur terre, une fois la paix revenue.